En plein circuit législatif, le projet de loi de finances (PLF) au titre de l’exercice 2022, confirme son caractère expansionniste, avec un niveau d’investissement record de 245 milliards de dirhams, mobilisé au service de la consolidation de la relance économique au Maroc.
Après avoir franchi la barre symbolique de 200 MMDH en 2021, l’effort public d’investissement poursuit sur sa lancée en 2022, avec une enveloppe colossale répartie sur le Budget de l’Etat (budget général, comptes spéciaux de trésor et SEGMA) avec 88,9 MMDH, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement (45 MMDH), les Établissements et Entreprises publics (92,1 MMDH) et les collectivités territoriales (19 MMDH).
Cet outil fondamental dont use l’Etat pour stimuler la croissance économique, créer des emplois et réduire les inégalités sociales et territoriales, est censé remettre les secteurs mis à mal par la crise sanitaire sur les bons rails et insuffler une nouvelle dynamique de création d’emploi et de la valeur.
Parallèlement aux efforts de la relance, l’Exécutif doit s’atteler à l’accompagnement des stratégies sectorielles et des projets d’infrastructures aux quatre coins du royaume, tout en concevant une nouvelle génération de plans sectoriels.
« Cette orientation volontariste qui consiste à soutenir les investissements dans des projets structurants et donner la priorité aux projets de production, créateurs de richesse et d’opportunités de travail, s’inscrit dans le cadre de l’impulsion de la dynamique de développement intégrée et globale », explique la note de présentation du PLF 2022.
Un tel niveau d’investissement public n’aurait pas été atteignable sans une véritable réflexion sur le plan fiscal et financier pour mobiliser les ressources nécessaires et maintenir des rapports équilibrés entre les ressources et les dépenses de l’Etat.
« L’augmentation de l’investissement public à 245 MMDH a nécessité d’agir sur plusieurs mesures fiscales et douanières qui permettent aux opérateurs économiques de développer leurs activités et évoluer dans un environnement sain et confortable », a tenu à préciser, récemment, le ministre délégué chargé du Budget, Faouzi Lekjaa.
Il a été question aussi, d' »agir sur la pression fiscale pour la préserver à des niveaux garantissant une bonne compétitivité de l’entreprise nationale ».
Selon des chiffres officiels, les ressources fiscales devront augmenter de 27 MMDH en 2022 et les financements innovants devront générer 12 MMDH alors que les recettes de privatisation devront mobiliser 8 MMDH dans le budget de l’Etat.
Investissement public: cap sur l’efficacité
En l’absence de règles de gouvernance bien établies, une mauvaise gestion pourrait nuire sérieusement à la performance des investissements, au risque de rater leurs objectifs escomptés. Conscient de ces défis, le gouvernement se penche sur la réforme du système de gestion des investissements publics qui vise à établir un cadre uniforme et des méthodes harmonisées à l’échelle nationale.
« Cette réforme vise à assurer une gestion optimale et efficiente des projets d’investissement public tout au long du cycle de vie du projet, de la phase d’identification et de planification jusqu’à sa mise en œuvre et son implantation territoriale et finalement son évaluation », précise la note sur la répartition régionale de l’investissement accompagnant le PLF 2022. La réforme prévoit la mise en place progressive d’un ensemble d’outils tels que l’élaboration d’un cadre normatif approprié (textes juridique et réglementaire, guides…), le développement d’une Banque de Données des Projets d’investissement (BDP), ainsi que le déploiement des plans de formation et de communication afférents à cette réforme.
L’investissement public au service d’un équilibre interrégional
Au niveau régional, l’investissement public se veut un levier majeur du développement territorial, dans un contexte de lutte contre les disparités régionales et d’une dynamique de croissance en faveur de l’émergence de nouveaux pôles économiques.
Selon la note sur la répartition régionale de l’investissement, l’effort public prévoit, entre autres, le renforcement des programmes interrégionaux, dans l’esprit d’un équilibre interrégional et d’un développement socio-économique.
Visant l’amélioration des conditions de vie des populations du monde rural et des territoires enclavés, le programme de lutte contre les disparités territoriales et sociales bénéficiera d’une enveloppe budgétaire totale de 6,72 MMDH au titre de l’année 2022.
Le gouvernement accorde davantage d’importance aux services sociaux de base, à travers le programme d’électrification rurale global qui prévoit durant la période 2020-2024, l’électrification de 927 villages, regroupant 21.150 foyers.
En ce qui concerne l’eau potable, les projets prévus d’être mis en service au cours de l’année 2022, permettront d’augmenter le taux d’accès à l’eau potable en milieu rural pour atteindre 98,8% à la fin de l’année.
Alors que le spectre de la crise plane toujours sur le paysage économique, le maintien par l’État de sa dynamique d’investissement amorcée en 2021, atteste d’une résilience à tout épreuve et envoie des signaux forts à l’ensemble des opérateurs, pour qui l’injection de fonds massifs permettrait à l’économie de tourner de nouveau à plein régime.