Après avoir frôlé la barre des 14.000 points, le 10 février courant (13.991,47 points), l’indice principal de la Bourse de Casablanca, le Masi, a inversé sa tendance positive observée depuis le 4ème trimestre 2021, cédant 3,4% rien que sur les huit dernières séances. Depuis le début de l’année, l’indice affiche tout de même une hausse de 1,22%.
La descente du Masi s’est en effet accentuée la veille, en dévissant de 0,94% à 13.521,35 points, soit sa pire séance depuis le début de l’année. Lors de cette journée, le volume global des échanges s’est établi à près de 219,8 millions de dirhams (MDH), drainé notamment par Alliances (35,94 MDH), LafargeHolcim Maroc (31,64 MDH) et Attijariwafa bank (28,4 MDH).
Le MSI 20, l’indice représentatif des valeurs les plus liquides du marché casablancais, a abandonné, quant à lui, 1,03% à 1.095,32 points, réduisant ainsi ses performances YTD à 0,89%. Alors comment s’explique cette évolution?
Le directeur exécutif de FL Markets (FLM), Farid Mezouar, explique la baisse actuelle de la Bourse de Casablanca par trois craintes des investisseurs. La première est relative à « la sécheresse et de son impact sur la croissance économique et le moral des agents économiques ».
Selon la Direction générale de la météorologie, le cumul moyen des précipitations enregistrées au niveau national du premier septembre 2021 au 31 janvier 2022 a atteint 38,8 millimètres, contre une normale climatologique de 106,8 mm calculée sur la même période entre 1981 et 2010, soit un déficit de 64%. Le déficit par rapport à la saison précédente 2020-2021 est de 53%.
Rappelons que face à cette situation alarmante, le gouvernement a mis en place, en exécution des Hautes Orientations Royales, un programme exceptionnel de 10 milliards de dirhams (MMDH) qui prévoit une série de mesures urgentes couvrant les différents axes du secteur agricole et ce, dans la perspective d’atténuer les lourds effets du retard des précipitations sur les agriculteurs et les éleveurs.
La deuxième est celle des craintes inflationnistes et des perspectives non rassurantes notamment au niveau des prix de l’énergie. Notons que d’après le Haut-commissariat au Plan (HCP), l’indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré une hausse de 3,1% au cours du mois de janvier 2022, comparé au même mois de l’année précédente, résultant de la progression de l’indice des produits alimentaires de 4,3% et de celui des produits non alimentaires de 2,3%.
Parallèlement, tous les produits énergétiques sont à la hausse suite aux tensions géopolitiques entre la Russie et l’Ukraine. A titre d’exemple, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril avait terminé mardi en hausse de 1,52% à 96,84 dollars, alors qu’il avait atteint 99,50 dollars le baril en matinée. À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars, a clôturé en hausse de 1,40% à 92,35 dollars après avoir grimpé de 4,86% à 95,50 dollars.
En ce qui concerne la troisième crainte, elle est relative à un chiffre d’affaires au premier trimestre 2022, négativement impacté par Omicron et la fermeture de l’espace aérien.
Quid des perspectives?
« A FLM, pour le moment, nous sommes davantage sur une prise de bénéfices que sur un retournement de situation », a dit notre interlocuteur, précisant qu’au 17 février et avant l’accélération de la correction, le Masi affichait des gains de 21,9% en 2021-2022 et une performance de 53,1% depuis le 18 mars 2020.
Et d’ajouter que le niveau absolu bas des taux d’intérêt demeure un stimulant important des actions.
Au volet des résultats trimestriels, l’expert a relevé que si les réalisations de 2021 sont déjà intégrées dans les cours actuels, les regards peuvent être déjà tournés vers le chiffre d’affaires du premier trimestre 2022 avec la crainte légitime d’une contreperformance. « Surtout, désormais, il faudra aussi intégrer l’impact potentiel de la crise en Ukraine, notamment au niveau des prix de l’énergie et de la tension géopolitique mondiale », a-t-il fait noté.