La 66ème session de la Conférence générale de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a adopté par consensus, jeudi, dix résolutions soumises par le Maroc, au nom du Groupe 77 plus la Chine, après plusieurs sessions informelles de négociations.
Ces résolutions, qui ont trait au renforcement des activités de l’Agence liées à la science, la technologie et aux applications nucléaires, mettent particulièrement l’accent sur l’appui au développement des applications nucléaires dans les États membres, afin de renforcer les infrastructures et de promouvoir les sciences, la technologie et l’ingénierie pour satisfaire les besoins de croissance et de développement durables des pays en toute sûreté.
Ainsi, le Royaume a présenté une résolution relative à la production économique d’eau potable, à l’aide de réacteurs nucléaires de faible ou moyenne puissance, où il insiste sur la nécessité de continuer à renforcer la coopération internationale en matière de planification et de mise en œuvre de programmes de démonstration du dessalement nucléaire, par le biais de projets nationaux et régionaux ouverts à la participation de tout pays intéressé.
Cette résolution, négociée et présentée par le Maroc, fait référence à l’Appel de Rabat »Water for Africa », ainsi qu’à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP22), tenue à Marrakech en novembre 2016. La résolution invite également le directeur général à mobiliser des fonds pour servir de catalyseur et contribuer à l’exécution de toutes les activités de l’Agence relatives au dessalement nucléaire et à la cogénération. Le Maroc y appelle le directeur général à prendre note de la priorité élevée accordée par un nombre croissant d’États au dessalement nucléaire de l’eau de mer dans le processus de préparation du programme et du budget de l’Agence.
Dans le cadre de l’appui à la Campagne panafricaine d’éradication de la mouche tsé-tsé et de la trypanosomiase de l’Union africaine, le G77+Chine a exhorté l’Agence à ‘intensifier les efforts de sensibilisation, aux niveaux national, régional et international, au fléau que représentent les mouches tsé-tsé et la trypanosomose. Le Groupe a ainsi appelé l’AIEA à continuer d’accorder un rang de priorité élevé au développement agricole des États Membres et de redoubler d’efforts pour créer des capacités et développer davantage les techniques d’association de la technique d’insectes stériles (TIS) à d’autres méthodes de lutte pour créer des zones exemptes de mouches tsé-tsé en Afrique subsaharienne. En ce qui concerne le développement du paquet de la TIS pour la gestion des moustiques transmetteurs de maladies, le Groupe a exhorté l’AIEA à renforcer la recherche, tant en laboratoire que sur le terrain, nécessaire pour pouvoir affiner et valider l’utilisation de la TIS pour la gestion intégrée des moustiques transmettant le paludisme, la dengue, le zika et d’autres maladies.
S’agissant du projet d’action intégrée contre les zoonoses (ZODIAC), le G77+Chine a souligné, à travers le Maroc, la nécessité pour l’Agence de répondre aux besoins et aux priorités des États et de poursuivre la mise en œuvre de toutes ses activités programmatiques de manière équilibrée et en consultation avec les États. Le Groupe a donc demandé au Secrétariat de l’AIEA de concentrer ses efforts sur l’utilisation des technologies nucléaires et dérivées du nucléaire en relation avec ZODIAC, et d’assurer l’égalité d’accès à la planification et à la mise en œuvre du projet, ainsi qu’au matériel de formation et aux informations pertinentes, notamment par le biais du portail ZODIAC pour tous les États membres intéressés.
Pour ce qui est de la rénovation des laboratoires d’applications nucléaires de l’Agence à Seibersdorf, le G77+Chine a mis l’accent sur la nécessité pour l’Agence de continuer à mener des activités de recherche et de développement adaptées dans les domaines de la science, de la technologie et des applications nucléaires où elle dispose d’un avantage comparatif. L’agence doit également continuer à mettre l’accent sur les initiatives de renforcement des capacités et la fourniture de services techniques afin de répondre aux besoins fondamentaux des États membres en matière de développement durable, précise la résolution présentée par le Maroc.
L’utilisation de l’hydrologie isotopique pour la gestion des ressources en eau n’est pas en reste, puisqu’une autre résolution a appelé le secrétariat à renforcer davantage les efforts visant à exploiter pleinement le potentiel des techniques isotopiques et nucléaires pour la mise en valeur et la gestion des ressources en eau dans les pays intéressés. Un objectif qui devrait être atteint « par le biais de programmes appropriés, en améliorant la sensibilisation et en aidant les États membres à renforcer leurs capacités nationales, grâce à une collaboration accrue avec les organisations nationales et internationales s’occupant de la gestion des ressources en eau », détaille la résolution. Enfin, le Groupe s’est intéressé, à travers les résolutions présentées par le Maroc, au renforcement du soutien aux États membres dans le domaine de l’alimentation et de l’agriculture.
Le G77+Chine a ainsi demandé au secrétariat de l’AIEA d’intensifier, de manière intégrée et globale, les efforts qu’il déploie pour lutter, entre autres, contre l’insécurité alimentaire et accroître encore sa contribution à l’amélioration de la productivité et de la viabilité de l’agriculture, à la réduction de la pauvreté et de la faim et à l’amélioration des revenus des agriculteurs, grâce au développement et à l’application intégrée de la science et de la technologie nucléaires.
Dans une allocution à cette occasion, l’ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès des organisations internationales à Vienne, Azzedine Farhane, a tenu à assurer le président de la commission plénière de l’engagement total et de la coopération du Groupe au cours des discussions et des négociations de cette semaine. Lors de cette conférence, qui se tient du 26 au 30 septembre, la délégation marocaine a été composée notamment de l’ambassadeur représentant permanent du Maroc, du directeur par intérim de l’Agence Marocaine de Sûreté et de Sécurité Nucléaires et Radiologiques (AMSSNuR), Mounji Zniber, du directeur par intérim du Centre national de l’énergie, des sciences et des techniques nucléaires (CNESTEN), Hamid Marah, du secrétaire général du ministère de la Santé et de la Protection Sociale, ainsi que d’autres hauts responsables marocains représentant les différents départements concernés.
En janvier dernier, le Maroc avait pris pour la première fois la présidence du chapitre de Vienne du G77, une consécration qui reflète la confiance et la crédibilité dont jouit le Royaume au sein des organisations internationales.