Moody’s a confirmé la note souveraine du Maroc à Ba1, avec des perspectives stables. Cette décision souligne la résilience institutionnelle du pays, sa solide position extérieure et sa stabilité politique. Cependant, l’agence de notation met également en évidence les défis économiques persistants auxquels le Maroc est confronté.
Le pays affiche des niveaux de revenus relativement faibles, avec un PIB par habitant de 10 460 dollars en termes de PPA en 2023, bien en deçà de la médiane Ba1 de 27 316 dollars. Moody’s met en garde contre les disparités géographiques et sociales qui freinent la croissance économique. Le marché du travail marocain reste marqué par une forte informalité et un chômage élevé chez les jeunes, exacerbant les inégalités.
Sur le plan budgétaire, le Maroc fait face à des dépenses croissantes en matière de santé, de sécurité sociale et d’infrastructures, estimées à 2,3% du PIB pour 2024. Ces dépenses, combinées aux faibles niveaux de revenus, limitent la marge de manœuvre du gouvernement. Moody’s prévoit une consolidation budgétaire plus progressive que l’objectif initial du gouvernement, avec un déficit budgétaire diminuant modestement de 4,2% du PIB en 2024 à 3,8% en 2026. La dette publique devrait se stabiliser autour de 65% du PIB.
Malgré ces défis, le Maroc bénéficie d’atouts importants. Ses institutions sont solides et son efficacité politique lui permet de faire face aux chocs externes avec résilience. La stabilité macroéconomique est assurée par une politique monétaire prudente et une approche contrôlée de la libéralisation du taux de change. De plus, le Maroc dispose de réserves de change confortables, couvrant plusieurs mois d’importations, ce qui lui offre une protection contre les chocs externes.
Les perspectives stables reflètent la confiance de Moody’s dans la poursuite des réformes économiques et sociales par le gouvernement, visant à renforcer la résilience de l’économie et à maintenir la dette publique stable.
Cependant, des risques subsistent. Une consolidation budgétaire plus lente que prévu, l’abandon des efforts de réforme ou la cristallisation des risques liés aux entreprises publiques pourraient peser sur la notation. À l’inverse, des réformes économiques ambitieuses et réussies qui augmentent les revenus, créent des emplois formels et réduisent les inégalités pourraient conduire à une amélioration de la note. Le développement de secteurs à plus forte valeur ajoutée et les investissements dans les énergies renouvelables et la conservation de l’eau sont des pistes prometteuses.
En conclusion, la confirmation de la note Ba1 du Maroc par Moody’s témoigne de la stabilité et de la résilience du pays face aux défis économiques mondiaux. Toutefois, le Maroc doit relever des défis structurels importants pour stimuler une croissance inclusive, réduire les inégalités et renforcer sa notation souveraine à long terme. La poursuite des réformes et des investissements dans le capital humain et les infrastructures sera essentielle pour libérer le potentiel de croissance du pays et améliorer les perspectives économiques et sociales de sa population.