Marché obligataire : le Trésor lève le pied, les taux respirent

Marché obligataire : le Trésor lève le pied, les taux respirent

Dans les coulisses de Rabat, une pause bien orchestrée. Tandis que les marchés guettent chaque adjudication comme un signal, le Trésor marocain a choisi, cette semaine, de ne pas lever un dirham sur le marché obligataire. Un geste loin d’être anodin, qui en dit long sur la stratégie actuelle de l’État face à un contexte budgétaire plus favorable qu’il n’y paraît.

C’est Attijari Global Research qui l’affirme dans sa dernière note Weekly Hebdo Taux – Fixed Income : le calme devrait se prolonger sur les marchés obligataires pour les deux mois à venir. Pas de tempête à l’horizon, mais une mer lisse, portée par des choix tactiques et une trésorerie dopée.

Sortie à l’international, recettes fiscales : le Trésor prend de l’avance

Avec la levée de 2 milliards d’euros sur les marchés internationaux et les entrées de la première tranche de l’Impôt sur les sociétés, le Trésor dispose d’un matelas de trésorerie confortable. Assez pour éviter de faire grimper les taux en ajoutant de la pression sur le marché local.

Lors de la deuxième séance d’adjudication d’avril, une demande de 1,4 milliard de dirhams s’est pourtant bien manifestée. Répartie entre maturités à 13 semaines, 52 semaines et deux ans, elle est restée sans réponse. Le message est clair : ce n’est pas le moment de tester les taux.

Un marché qui observe, une courbe qui oscille

Sur le marché secondaire, la courbe reste incertaine. Tandis que les taux courts et moyens gagnent légèrement jusqu’à +3 points de base, le segment long reflue, atteignant des baisses jusqu’à -16 points de base. Le signal d’un marché en attente, prudent, qui tente d’anticiper les prochaines annonces de la Banque centrale.

Le Trésor place plus, BAM injecte moins

Sur le marché monétaire, les placements quotidiens du Trésor progressent. En moyenne, ils atteignent 12,8 milliards de dirhams, contre 9,8 milliards la semaine précédente. Une dynamique qui traduit l’effet combiné de la collecte fiscale et de la respiration budgétaire post-levée internationale.

Pendant ce temps, Bank Al-Maghrib réduit la voilure. Ses avances à 7 jours tombent à 51,7 milliards de dirhams, soit leur plus bas niveau depuis juin 2024. Les opérations à long terme restent stables à 81,7 milliards. Autrement dit, la Banque centrale ajuste doucement le robinet, sans pour autant assécher le système.

Entre Aïd et MONIA, un marché légèrement décalé

Semaine écourtée oblige, l’équilibre interbancaire a été légèrement perturbé par les congés de l’Aïd Al-Fitr. Les taux interbancaires se sont écartés du taux directeur, pendant que l’indice MONIA progressait à 2,25 %, soit +2 points de base.

Du côté des fondamentaux, la liquidité reste solide. À fin février, la circulation fiduciaire augmente de 7,8 %, à 425 milliards de dirhams, et les placements liquides bondissent de 12,5 %, dépassant le cap symbolique des 1.000 milliards.

Calme apparent, vigilance permanente

Derrière cette période d’accalmie, c’est un jeu d’équilibre subtil qui se joue. Le Trésor gère ses sorties, la Banque centrale module ses injections, et les marchés s’ajustent, ligne après ligne. Tout pourrait changer rapidement, mais pour l’instant, le Maroc profite du calme et choisit de ne pas en abuser.

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