Le Président de l’Institut du Monde Arabe (IMA), Jack Lang a appelé à reconnaitre feu SM Mohammed V « Juste parmi les Nations » pour avoir protégé la communauté juive durant le régime de Vichy.
« Il est temps que feu SM Mohammed V soit reconnu Juste parmi les Nations », a affirmé Lang lors de l’inauguration officielle, lundi, de l’exposition-évènement « Les juifs d’Orient, une histoire plurimillénaire », en présence du Président français Emmanuel Macron.
“Qu’on me permette à cet instant d’espérer que l’une des personnalités fortes du monde arabe qui a marqué sa volonté permanente du respect de toutes les religions, je pense au Roi Mohammed V, soit enfin reconnu Juste parmi les Nations. On le sait, il a protégé les juifs marocains contre le régime de Vichy (..) Rien à voir avec la manière dont les juifs d’Algérie ont été torturés, enfermés, maltraités, relégués par l’abrogation du décret Crémieux », a affirmé Lang, devant le président Macron et un parterre de personnalités notamment du monde de la politique et de la culture et de représentants des trois religions monothéistes.
Lors du vernissage-presse de l’exposition, le Président de l’IMA a déclaré à la MAP qu’il allait adresser aux autorités de Yad Vashem (Institut international pour la mémoire de la Shoah), une lettre demandant que « le Sultan du Maroc Mohammed V soit proclamé juste parmi les Nations, en raison de la protection qu’il accordée aux juifs du Maroc face aux autorités de Vichy ».
« Tous les historiens qui ont travaillé sur l’histoire des juifs savent à quel point feu SM Mohammed V a été le protecteur des juifs », a insisté Lang, faisant observer qu’il s’agit d’une manière de montrer qu’entre les cultures juive et musulmane « il y a aujourd’hui une sorte d’harmonie qui se construit ».
Lang a tenu également à mettre en avant la particularité du Maroc en tant que terre de tolérance interreligieuse, de paix, d’entente et du vivre ensemble, rendant un hommage appuyé à « l’action d’exception pour la culture juive marocaine entreprise par SM le Roi Mohammed VI ».
Il a notamment cité la consécration de la composante hébraïque dans le préambule de la Constitution marocaine, la restauration des sites juifs au Maroc et l’intégration de l’enseignement du judaïsme marocain dans les manuels scolaires.
De son côté, Benjamin Stora a rappelé l’existence au Maroc de musées consacrés à la culture et au patrimoine hébraïques, se félicitant de la collaboration importante du Maroc à l’organisation de cette exposition à travers des œuvres uniques issues du Musée de l’Histoire et des civilisations de Rabat.
L’exposition qui s’ouvrira au public mercredi et se poursuivra jusqu’au 13 mars 2022, s’inscrit dans le prolongement des expositions «Hajj, le pèlerinage à La Mecque » en 2014 et «Chrétiens d’Orient, 2000 ans d’histoire» en 2017, une trilogie consacrée aux religions monothéistes dans le monde arabe.
Cet événement culturel de portée internationale, déployé sur 1100 mètres carrés, porte un regard inédit sur l’histoire plurimillénaire des communautés juives dans le monde arabe. Du pourtour méditerranéen jusqu’à l’Euphrate en passant par la péninsule arabique.
Il explore les multiples facettes de la cohabitation entre juifs et musulmans, des premiers liens tissés entre les tribus juives d’Arabie et le Prophète de l’Islam, à l’émergence des principales figures de la pensée juive durant les califats médiévaux à Bagdad, à Fès, au Caire et à Cordoue, de l’essor des centres urbains juifs au Maghreb et dans l’empire ottoman aux prémices de l’exil des juifs du monde arabe.
A la lumière de cette mise en perspective historique inédite, l’exposition s’attache à faire rayonner et à préserver la mémoire d’un patrimoine d’une formidable richesse.
Grâce à des prêts d’œuvres issues de collections internationales (France, Angleterre, Maroc, Israël, Etats-Unis, Espagne), l’IMA présentera des œuvres inédites et d’une grande variété de formes : archéologie, manuscrits, peintures, photographies, objets liturgiques et du quotidien et enfin installations audiovisuelles et musicales.
Autour de l’exposition, dont les œuvres sont issues de collections publiques et privées, le grand public et les spécialistes de l’histoire juive seront au rendez-vous avec des colloques, des conférences et des concerts de musique pour mettre en avant cet héritage partagé.
L’Académie du Royaume du Maroc est partenaire de l’exposition et la Fondation nationale des musées a également apporté son soutien à cet événement.