Le président du Conseil de la concurrence, Ahmed Rahhou, a insisté, jeudi à Rabat, sur la nécessité d’assouplir les mécanismes de couverture de risque pour les opérateurs du marché national des huiles de table afin d’améliorer le fonctionnement concurrentiel de ce marché.
« Le Conseil recommande que les instruments qui permettent aux opérateurs de mieux couvrir le risque concernant les fluctuations des matières premières soient davantage assouplis », a indiqué Rahhou lors d’un entretien accordé à la MAP, à l’occasion de la publication d’un avis relatif à « l’examen du respect des règles d’une concurrence libre et loyale par les producteurs et importateurs des huiles de table suite aux augmentations des prix de vente constatées sur le marché national ».
Ces règles sont établies par l’Office des changes, a-t-il rappelé, préconisant davantage de souplesse pour l’utilisation de ces instruments financiers à même de couvrir les fluctuations de prix.
Il a, en outre, appelé à l’augmentation des capacités de stockage national pour baisser le coût des matières premières et, par ricochet, faire diminuer le prix de vente final de l’huile de table.
« Nous considérons qu’un stock d’un mois peut présenter un risque, parce que si, à un moment donné, un bateau de transport de l’huile n’arrive pas, on risque d’être en rupture » a-t-il fait remarquer à cet effet.
Le Conseil préconise aussi de soutenir l’amont de la filière relatif à la production locale de graines oléagineuses pour produire des huiles. “Nous incitons les autorités publiques à continuer l’effort de soutien à cette filière surtout maintenant, vu le niveau des prix », a souligné M. Rahhou.
Il a également fait observer que le nombre d’opérateurs dans ce secteur est « limité », précisant que celui-ci « n’est pas attractif”. “Les marges dans ce secteur ainsi que les montants d’investissement nécessaires, en plus de toute la logistique, sont relativement significatifs », a-t-il expliqué.
D’ailleurs, à travers le monde, il n’y a pas beaucoup d’acteurs dans ce type de secteur en général, a-t-il soutenu.
M. Rahhou a également mis en avant les facteurs explicatifs des augmentations des prix de vente de l’huile de table constatées sur le marché national, relevant que celles-ci s’expliquent par la conjonction de facteurs objectifs liés à la structure du marché lui-même et aux évolutions du marché extérieur duquel il est dépendant.
Il s’agit notamment d’un marché fortement concentré et peu attractif et dont les importations en huiles brutes sont concentrées dans trois régions.
S’agissant des facteurs liés au marché extérieur, M. Rahhou a évoqué la hausse des cours mondiaux des huiles brutes et des coûts de matières premières, aggravée par l’augmentation concomitante du prix de l’énergie et du transport.
Le Conseil, a-t-il dit, a analysé le timing de ces hausses et leurs conséquences sur le marché. “On a constaté une corrélation directe, c’est-à-dire, que les augmentations à l’étranger sont répercutées sur le consommateur“, a-t-il précisé.