Pour survivre à la pandémie, les entreprises dans bien des coins du monde ont dû faire preuve d’adaptabilité en instaurant le télétravail.
Aux États-Unis, cette expérience inédite semble aujourd’hui intéressée de plus en plus d’Américains favorables à l’idée de travailler à domicile au-delà de la pandémie.
Au printemps 2020, environ 60 % du nombre total d’heures de travail aux États-Unis étaient effectuées depuis les salons, les cuisines et, pour les plus chanceux, les bureaux à domicile, selon un sondage Gallup.
Malgré une période d’adaptation qui n’a pas été facile pour tout le monde, notamment pour ceux qui vivent dans des logements exigus ou qui ont des enfants à scolariser à la maison, en moyenne, les salariés font état de niveaux de satisfaction et de productivité plus élevés.
De nombreux facteurs influencent cet engouement pour le télétravail qui mènerait éventuellement, selon plusieurs experts, à une profonde réorganisation de la main-d’œuvre et de la vie au bureau.
En effet, après plus d’un an et demi passé à se connecter depuis le confort de leurs maisons, les employés se sentent habitués à cette indépendance, tandis que les entreprises réévaluent la nécessité et les coûts associés aux grands bureaux, d’autant plus que l’activité et les marchés sont restés dynamiques même avec si peu de présence sur place.
« Nous avons en quelque sorte travaillé autour des besoins de chacun », a déclaré au New York Times, Liz Fraser, directrice générale de Kate Spade, marque de mode new-yorkaise, qui a permis à ses employés souhaitant travailler à domicile de le faire sans risque de licenciement.
« Soyons flexibles, d’un point de vue professionnel, mais aussi d’un point de vue personnel », a confié Fraser, affirmant préférer répondre aux besoins de ses salariés afin de les aider à mieux gérer cette « étrange » période.
Ce large respect des employés constitue un changement radical pour les entreprises américaines. Pendant des décennies, les employés ont effectué des heures et des journées supplémentaires, travaillant, en moyenne, un mois complet de plus par an, selon le Pew Research Center et ce, avec des salaires qui n’ont pas suivi l’augmentation de la productivité.
Toutefois, si de nombreux employés de bureau travaillent toujours à domicile et bénéficient d’une influence nouvelle sur leurs employeurs, les Américains travaillent davantage que jamais. Selon Pew Research Center, environ le tiers des salariés ont indiqué l’automne dernier passer plus d’heures à travailler qu’avant la pandémie.
C’était particulièrement le cas pour les personnes qui avaient l’habitude de faire la navette. Pour plusieurs d’entre elles, les heures passées à conduire ou à prendre les transports en commun, avaient été intégrées à la journée de travail.
Les parents, eux aussi, ont eu du mal à travailler avec des enfants à la maison, 40% des mères affirmant qu’il était devenu plus difficile de concilier travail et responsabilités familiales. De même, les jeunes salariés ont confié qu’il était extrêmement difficile de rester concentré et s’acquitter de ses tâches tout en travaillant à domicile.
La séparation de moins en moins nette entre la journée de travail et le reste de la vie a contribué à un sentiment croissant de désenchantement de la population active. Une pesante ambiguïté qui pourrait également expliquer les démissions massives qui bouleversent aujourd’hui le marché du travail.
En effet, plus de 4,4 millions d’Américains ont quitté leur emploi en septembre dernier. Que l’avenir du travail soit entièrement à distance, au bureau ou quelque part entre les deux, pour beaucoup d’Américains le monde de l’emploi ne ressemblera probablement plus à ce qu’il était avant la pandémie.
Nombreux sont les experts qui anticipent des situations où les employés ne seront peut-être présents au bureau que quelques jours par semaine, voire pas du tout.
Les responsables, quant à eux, peuvent vivre dans un autre Etat. Il peut s’écouler ainsi des mois, voire des années, avant que des collègues qui interagissent quotidiennement ne se rencontrent en personne.