La Fédération américaine de football et l’équipe nationale féminine des Etats-Unis ont conclu un accord de règlement de 24 millions de dollars, mettant fin au recours collectif déposé par les footballeuses contre la politique discriminatoire de l’instance en matière salariale.
« Nous sommes heureux d’annoncer que, sous réserve de la négociation d’une nouvelle convention collective, nous aurons résolu notre litige de longue date sur l’égalité salariale et nous nous tenons fièrement ensemble dans un engagement commun à faire progresser l’égalité dans le football », ont indiqué les parties concernées dans un communiqué conjoint.
Dans le cadre de cet accord, la Fédération promet d’égaliser les salaires entre les équipes masculines et féminines dans toutes les compétitions, y compris la Coupe du monde, tournant la page sur une affaire historique, qui avait placé certaines des athlètes les plus célèbres du monde au premier plan de la lutte pour l’égalité salariale entre les hommes et les femmes.
Loin des 67 millions de dollars réclamés, l’accord, qui prévoit 22 millions de dollars pour les 28 footballeuses ayant déposé le recours collectif et la création d’un fonds de 2 millions de dollars pour le football féminin, demeure une victoire pour ces athlètes, qui auront droit chacune à environ 50.000 dollars au titre de ce fonds.
« Nous avons vraiment l’impression d’avoir gagné à bien des égards, mais le fait de devoir passer par là est inacceptable », a déclaré à la presse la footballeuse américaine Megan Rapinoe, leader du procès.
Pour sa part, la présidente de la Fédération, Cindy Parlow Cone, qui a joué dans l’équipe championne du monde en 1999, a déclaré qu’elle comprenait la position des footballeuses.
« Je serai la première à admettre que la Fédération a commis des erreurs dans le passé. En tant qu’ancienne joueuse, je comprends la frustration d’être traitée de cette façon », a indiqué Cone, notant que l’accord n’est « qu’un pas vers la reconstruction de la relation avec Megan et le reste de l’équipe ».
Toutefois, l’accord ne sera finalisé que lorsque l’équipe féminine américaine et la Fédération auront ratifié une nouvelle convention collective. Les deux parties ont récemment prolongé l’accord actuel de l’équipe féminine jusqu’au 31 mars. Si une convention collective est ratifiée et que le règlement est approuvé par le tribunal, le litige sera résolu, selon les deux parties.
Cet accord intervient deux semaines avant une audience prévue le 7 mars devant une cour d’appel en Californie. Les joueuses devaient y faire appel d’un jugement sommaire rendu en mai 2020, dans lequel le juge de district avait rejeté l’allégation des plaintives selon laquelle elles avaient été injustement payées moins que l’équipe nationale masculine, jugeant que les femmes n’avaient pas fourni suffisamment de preuves à l’appui.
Le règlement de ce litige intervient également au moment où la Fédération est confrontée à une tempête d’allégations d’abus d’entraîneurs qui secoue la Ligue nationale de football féminin depuis l’année dernière. La Fédération a demandé l’ouverture d’une enquête judiciaire suite à la démission ou au licenciement de cinq entraîneurs hommes pour manquements au code de conduite professionnelle.
Souvent amer et litigieux, le conflit a éclaté avant la coupe du monde 2019, lorsque cinq membres de l’équipe nationale de féminine de football ont déposé une plainte pour discrimination salariale auprès de la Equal Employment Opportunity Commission, agence américaine chargée de faire appliquer les lois sur les droits civils contre la discrimination sur le lieu de travail.
Les footballeuses avaient affirmé à l’époque que si elles avaient été payées dans les mêmes conditions que les hommes, elles auraient gagné beaucoup plus d’argent. Elles ont ensuite remporté la finale pour décrocher leur quatrième titre mondial, dans un Stade de France où résonnaient des chants appelant à l’égalité salariale.