En dépit des diverses mesures d’appui déployées durant la pandémie du Covid-19, les délais de paiement, véritable fléau pour les trésoreries, se sont dégradés en 2021, affectant notamment les TPME.
En effet, l’allongement des délais de paiement constitue encore un frein majeur au développement des entreprises au Maroc et continue d’affecter leur santé, en plus de réduire les liquidités et d’accroître le niveau des créances douteuses de celles-ci.
Il s’agit d’une problématique dont la résolution définitive tarde toujours à intervenir, notamment en raison des causes qui ne sont pas uniquement financières, mais également d’ordre culturel, voire même moral !
Délais de paiement dans le secteur privé. Quel est l’essor ?
La situation est très différente selon la catégorie d’entreprise, dans la mesure où les très petites entreprises (TPE) et les petites et moyennes entreprises (PME) de moins de 50 millions de dirhams de chiffre d’affaires (CA) subissent des délais clients importants et qui s’aggravent depuis 10 ans jusqu’à 220 jours pour les TPE. C’est ce qu’a affirmé Amine Diouri, Directeur études et communication chez Inforisk.
« De leur côté, les grandes entreprises ont une situation inverse. Elles encaissent leurs ventes plus rapidement qu’elles ne paient leurs fournisseurs. Et cela se voit au niveau du crédit inter-entreprises qui dépasse les 420 milliards de dirhams et qui est détenu à plus de 50% par les grandes entreprises », a-t-il soutenu.
S’attardant sur le retard des délais de paiement, M. Diouri a fait savoir que cette problématique ne peut être traitée que via 2 voies, à savoir la loi et la data. Tout d’abord, la loi via les différents dispositifs légaux, fixe un cadre de délais maximaux à ne pas dépasser et sanctionne tout dépassement de ces délais légaux, a-t-il fait observer.
De l’autre, la data doit permettre aux entreprises d’anticiper le risque, de sélectionner les partenaires commerciaux en fonction de leur santé financière, de leur comportement de paiement et plus globalement d’apporter davantage de transparence, a-t-il poursuivi, précisant que « c’est le rôle que joue justement Inforisk auprès des entreprises en tant que partenaire privilégié stratégique ».
Et d’ajouter qu’Inforisk, accompagné par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et d’autres partenaires institutionnels, a lancé début 2020 le programme Inforisk Dun Trade sur les retards de paiement, lequel s’appuie sur 2 volets, un volet « Data », via l’accès à une Centrale des Retards de Paiement et un volet technologique via des outils performants de gestion du risque Clients.
Quid de la réforme des délais de paiement ?
Évoquant le projet de loi, réformant la loi 15-95 du code de Commerce, l’expert a affirmé que celle-ci est actuellement auprès du Secrétariat Général du Gouvernement et devrait prochainement entrer en application.
Selon lui, avec cette réforme, on change de paradigmes en matière de contrôle et de sanction des retards de paiement, on introduit une tierce partie entre le client et le fournisseur, qu’est la direction générale des impôts (DGI) et qui sera chargée de collecter auprès des entreprises leurs déclarations sur l’état de leurs factures échues non payées au cours de l’année civile 2022. En effet, dit-il, l’entreprise s’auto-déclare et paie directement l’amende auprès de la DGI.
Et de soutenir : « nous attendons de voir la mise en œuvre opérationnelle de cette loi, mais sommes raisonnablement positifs sur son impact futur ».
Force est de constater qu’avec la crise actuelle, les problèmes structurels qui entraînent des retards de paiement devraient être amplifiés. Néanmoins, il est, plus que jamais, crucial de renforcer ses chaînes et ses moyens de paiement en faveur d’une meilleure maîtrise des délais de paiement.