Voici les quatre conditions proposées par le Conseil économique sociale et environnemental (CESE), dans une auto-saisine, pour garantir une mise en œuvre réussie de la stratégie nationale de résorption de l’informel:
1. Garantir à tous, le droit à un accès équitable à des services publics de qualité comme signal de renforcement du rôle de l’Etat, dont les prestations justifieraient les coûts éventuels de la formalisation ;
2. Communiquer de manière ciblée et à travers les canaux adéquats et adaptés à la population-cible, les avantages et les options de la formalisation et les différentes mesures prises ;
3. Mettre en œuvre des actions cohérentes et synchrones au niveau des autres politiques publiques. Il s’agit de:
• Mettre à niveau le capital humain en accélérant la réforme de l’éducation nationale, pour une école publique de qualité, un accès équitable pour toutes les franges de la population ;
• Prévoir systématiquement au niveau des politiques sectorielles, des axes stratégiques en lien direct avec l’intégration de l’informel;
• Remédier en urgence aux déficits de développement accumulés dans le milieu rural afin de limiter l’exode rural ;
• Accélérer la cadence d’utilisation du « mobile paiement » et des paiements électroniques, qui figurent parmi les objectifs visés par la stratégie nationale de l’inclusion financière (SNIF).
• Renforcer les capacités et ressources mobilisées pour la détection et la lutte contre les pratiques de la finance informelle (hors tontines) et activité financières illicites.
4. Renforcer les valeurs du civisme en :
• Intégrant à tous les niveaux du système éducatif national et surtout à partir du primaire, l’éducation au civisme économique, social et fiscal ;
• Engageant une politique de communication massive et multicanal autour des valeurs du civisme économique, social et fiscal.
Par ailleurs, au niveau de la gouvernance et des aspects opérationnels et organisationnels :
• La durée de mise en œuvre de la stratégie en question devrait être répartie en un certain nombre de phases intermédiaires durant lesquelles des rapports d’étape seront élaborés pour identifier les points forts et détecter les blocages et proposer les mesures de rectification nécessaires.
• Une commission de suivi et d’évaluation de l’avancement de la stratégie devra être mise en place. Elle jouera le rôle d’une « delivery unit ». Sous la supervision du Chef du gouvernement, elle comportera des membres issus de l’administration centrale, des territoires, du secteur privé, des associations professionnelles et de représentants des salariés.
• La mise en œuvre de chaque volet de la stratégie en question devrait être attribuée à une entité définie qui en assumerait la responsabilité, dans le cadre de la transparence et la reddition des comptes.
• Une déclinaison territoriale de la stratégie est nécessaire dans le cadre des processus en cours de déploiement de la régionalisation avancée et de la déconcentration, en dotant les régions, provinces et communes des compétences et des ressources humaines et financières nécessaires.