Grâce à une politique ambitieuse d’investissement, le Royaume du Maroc “a réussi à construire une économie dynamique soutenue par une croissance continue”, a écrit l’agence d’information économique africaine “Ecofin”, soulignant toutefois que l’actuel modèle économique “semble avoir des limites auxquelles les membres de la future coalition gouvernementale devront trouver des solutions”.
“En deux décennies, le Maroc a connu des transformations socio-politiques, mais surtout économiques, qui lui ont permis de se hisser au rang de champion africain”, ajoute l’agence.
Le Royaume a réalisé des investissements importants, notamment dans les domaines des infrastructures de transport et de l’industrie. “Parmi les plus marquants figurent la construction de l’autoroute de contournement de Rabat, du terminal 1 de l’aéroport de Casablanca, mais également le lancement de la première ligne de train à grande vitesse d’Afrique pour près de 2,4 milliards $, ou encore la mise en place du complexe portuaire et industriel de Tanger Med”, fait observer l’agence .
Dans un rapport paru sur le pays en juillet, le Cabinet Deloitte estime que ces investissements « ont été accompagnés d’une libéralisation et d’une privatisation d’entreprises publiques à caractère commercial (Maroc Télécom, Régie des Tabacs), d’une ouverture commerciale sur l’extérieur, qui a été consolidée par la signature de nombreux accords commerciaux (UE, US, Egypte, Turquie, ZLECAF), et du lancement de plusieurs stratégies sectorielles dans […], l’agriculture, le tourisme, la pêche et les énergies renouvelables, ainsi que des stratégies transversales dans l’économie numérique et la logistique », rappelle Ecofin.
Elle souligne que le Maroc est désormais, avec l’Egypte et l’Afrique du Sud, “l’un des poids lourds africains du secteur touristique”. “De plus, avec plus de 700 000 véhicules produits par an, le Maroc est devenu l’un des principaux hubs africains de construction automobile”, poursuit la même source, relevant que ces différents secteurs économiques ont permis de soutenir une croissance économique continue. “Mais surtout, grâce à ces transformations, le pays, qui est également producteur de phosphate, a pu se livrer à une offensive qui lui a permis d’imposer son leadership économique sur le continent africain”, sous l’impulsion de SM le Roi Mohammed VI, ajoute l’auteur de l’article.
Selon le rapport de la DEPF « Développement des entreprises marocaines en Afrique : réalité et perspective », l’Afrique est la première destination des investissements marocains à l’étranger. Entre 2003 et 2017, les entreprises marocaines ont investi près de 4 milliards $ sur le continent, soit 60% des IDE sortants. Aujourd’hui le pays maghrébin est, avec l’Afrique du Sud, l’un des deux premiers investisseurs africains en Afrique, et occupe d’ailleurs la première place en Afrique de l’Ouest qui concentre plus de la moitié de ses investissements, note Ecofin.
“Bien que cette politique d’investissements intensifs ait permis de soutenir la croissance pendant plusieurs années, tout en réduisant le taux de pauvreté (de 15,3% en 2001 à 4,8% en 2014 selon le HCP), les performances économiques du Maroc tardent à réduire les inégalités dans le pays”, relève l’agence.
” Pour réduire ces inégalités qui se sont notamment accélérées pendant la pandémie de la Covid-19, les autorités marocaines ont intensifié les investissements sociaux destinés notamment aux plus pauvres”. Capitalisant sur cette crise, elles ont engagé des réformes fondamentales, telle que la généralisation de la protection sociale. Lancé en juillet 2021 par SM le Roi Mohammed VI, le projet d’un montant de 5,7 milliards $ comprend quatre phases qui viseront chacune, jusqu’en 2025, l’inclusion de la population aux programmes d’assurance maladie, aux allocations familiales, au régime des retraites et à l’indemnité pour perte d’emploi, indique-t-elle.
L’agence souligne, à cet égard, que “le défi pour la prochaine élite politique sera d’accélérer les réformes en vue de trouver le juste milieu entre une volonté ambitieuse d’industrialisation, en attirant de grandes entreprises mondiales, et une gestion budgétaire plus juste. “Une charge qui incombera notamment à Aziz Akhannouch dont le parti est arrivé en tête des législatives du 8 septembre, et qui devra se trouver des alliés en vue de former une nouvelle coalition”.
“Une fois le nouveau gouvernement formé, le premier grand test sera la prochaine Loi des finances pour l’exercice 2022”, conclut l’agence.