La Fondation nationale des musées (FNM), qui gère actuellement 13 musées, envisage d’en ouvrir davantage pour doter le Maroc d’une véritable palette muséale d’au moins un musée dans chaque grande ville et valoriser ainsi le patrimoine et les spécificités de chaque région, a déclaré le président de la Fondation, Mehdi Qotbi.
Dans une interview avec le magazine culturel international Be Cult, paru en Argentine, Qotbi a évoqué en particulier le Musée du Continent, « une volonté de Sa Majesté le Roi, qui ouvrira en plein cœur de Rabat et mettra à l’honneur la richesse du patrimoine culturel et artistique de notre continent africain tout en appuyant le statut de Rabat comme « Ville Lumière et Capitale de la Culture ».
Dans ce sillage, il a fait observer que le Maroc est un brassage de diverses cultures et composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, ainsi que d’affluents africains, andalous, hébraïques et méditerranéens.
« Le Royaume, a poursuivi Qotbi, jouit d’un patrimoine archéologique, ethnographique et artistique exceptionnel que nous devons préserver et exposer dans nos musées pour que les Marocains puissent s’approprier leur histoire, et permettre aux étrangers de découvrir la richesse de notre culture ».
Par ailleurs, le président de la FNM a mis en exergue l’apport du Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain (MMVI) qui est « la locomotive de la Fondation, puisqu’il a permis aux Marocains de prendre ou reprendre le chemin des musées et de découvrir, ici au Maroc, de grands noms prestigieux de l’art ».
Le musée a également permis de placer Rabat sur la carte des rendez-vous internationaux de l’art moderne et contemporain en étant le premier musée en Afrique et dans le monde arabe à avoir exposé Giacometti, César, Picasso, Goya, les peintres impressionnistes tels que Monet, Cézanne, Renoir, mais aussi Delacroix, a-t-il ajouté.
Il s’agit, selon Qotbi, d’un travail concrétisé grâce à des partenariats avec les plus grandes institutions muséales et culturelles au monde. « Nous avons misé sur la diplomatie culturelle pour faire de ce musée un haut-lieu d’échanges, de dialogues interculturels et de partage de valeurs positives. Au-delà des expositions à portée internationale, le MMVI a surtout pour ambition d’encourager la créativité et d’oeuvrer pour la démocratisation et l’épanouissement culturel de tous les Marocains, en contribuant à faire évoluer les conditions de production artistique », a-t-il assuré.
Le président de la FNM est revenu également sur la première Biennale d’art Contemporain de Rabat, qui a accueilli en 2019 près de 140.000 visiteurs marocains et étrangers, rappelant que cette édition a mis en lumière près de 63 artistes et collectifs d’artistes venus de 27 pays différents et valorisé mondialement la qualité des infrastructures muséales et culturelles marocaines.
D’autre part, « Be Cult » a interrogé Qotbi sur l’impact de la pandémie sur l’activité muséale et artistique. Le président de la FNM a expliqué que le coronavirus a eu certaines répercussions, avec notamment la fermeture de plusieurs musées et l’arrêt des activités culturelles depuis près d’un an.
« Mais l’activité reprend, les musées rouvrent progressivement avec de grandes expositions dans toutes les villes du monde, ce qui prouve que les musées sont indispensables au quotidien de millions de gens », a-t-il enchainé, rappelant que Maroc est l’un des rares pays au monde à avoir maintenu ses musées ouverts durant la pandémie, dans le strict respect des mesures sanitaires.
Pour lui, la culture d’un pays est un combat à mener au quotidien, car elle est un pilier essentiel au développement d’une société. Il est important, ainsi, de soutenir à la fois la création et les acteurs des secteurs culturels, tout en appuyant la sauvegarde de notre patrimoine national artistique, conscients en cela du potentiel du Maroc et de ce qu’il peut apporter sur la scène culturelle mondiale, a-t-il expliqué.
Qotbi a estimé qu’ »il y a en ce moment une forte dynamique optimiste qu’il faut saisir pour ouvrir la voie à de nouvelles idées et définir, pour notre pays, un modèle culturel évolutif qui répond aux attentes des Marocains et aux objectifs de développement ».
A une question du magazine argentin sur son parcours artistique, Qotbi, qui dit assumer un militantisme pour le dialogue entre les individus, les peuples, les religions et les cultures, a confié qu’ »en tant qu’artiste, j’ai pu travailler sur la lettre arabe en modernisant son interprétation à travers mes peintures. J’explore la lettre arabe en révélant sa plasticité afin de l’intégrer à la logique du langage plastique. Le rythme des lettres impose la visualité comme mode de perception dominant dans mes tableaux ».