Effondrement des colonies d’abeilles. Les explications du ministre sadiki

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Les recherches et les études effectuées pour élucider le phénomène d’effondrement des colonies d’abeilles, détecté récemment dans le Royaume, ont attribué son apparition à une interaction de plusieurs facteurs notamment climatiques et environnementaux, a indiqué, vendredi à Rabat, le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohamed Sadiki.

« Il s’agit plutôt d’un phénomène qui est dû à une interaction de plusieurs facteurs, climatiques et environnementaux entre autres, mais pas de maladie spécifique », a relevé Sadiki qui intervenait lors d’un colloque scientifique sur le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles, initié par le ministère à travers l’Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA).

Spécifiquement, ces facteurs sont liés aux conditions climatiques telles que l’augmentation de la température et le déficit de précipitations, aux conditions environnementales telles que l’insuffisance des pâturages en quantité et en qualité, aux conditions liées à l’état sanitaire des ruchers et les moyens de prévention utilisés, ainsi qu’aux conditions liées aux pratiques et à la conduite des élevages apicoles, a-t-il précisé.

Le ministre a, à cet effet, relevé que le département de l’agriculture à travers l’ONSSA s’est rapidement mobilisé avec l’implication de la fédération interprofessionnelle marocaine de l’apiculture (FIMAP), rappelant que des investigations de grande ampleur ont été aussitôt engagées sur le terrain afin de déterminer l’ampleur de ce phénomène et élucider les facteurs ayant favorisé son apparition.

Il a, à ce propos, soulevé que les premiers résultats dégagés ont montré que ce phénomène de disparition des colonies d’abeilles est « un phénomène nouveau » dans le Royaume et concerne « certains apiculteurs dans des zones précises avec des effets de degrés variables », précisant que les multiples analyses de laboratoires ont écarté « toute présence de maladie connue des abeilles » qui soit la cause de l’apparition de ce phénomène.

Et de poursuivre que les investigations et les recherches se poursuivent dans le cadre d’un comité multidisciplinaire regroupant les différentes parties prenantes.

Par ailleurs, le département de l’agriculture a élaboré un plan d’action pour appuyer la filière et réduire les effets de ce phénomène, a précisé le ministre, faisant savoir que ce plan comprend plusieurs actions à savoir, la réalisation d’une compagne nationale de traitement contre la varroase, un parasite bien connu et qui fait l’objet de traitement régulier annuellement, et la mise en œuvre d’un programme de sensibilisation au profit des apiculteurs sur les bonnes pratiques apicoles.

Il s’agit aussi du renforcement du système national de surveillance et de suivi des mortalités et des disparitions des abeilles, de la conduite des travaux de recherche scientifique en relation avec ce phénomène, l’appui des apiculteurs touchés pour le repeuplement des ruches, l’organisation de la transhumance pour une meilleure gestion des parcours et de la mise en place d’une base de données nationale pour l’enregistrement des apiculteurs et leur traçabilité, a-t-il indiqué.

Le secteur apicole au Maroc, a-t-il dit, a connu « un développement sans précédent » sous l’impulsion de la stratégie de développement agricole le Plan Maroc vert depuis 2008 à 2020, ajoutant que la nouvelle stratégie « Génération Green » place cette filière parmi ses priorités pour consolider les acquis et la propulser vers une plus grande performance et une meilleure valorisation.

« La filière apicole a connu une évolution importante avec une augmentation significative du nombre d’apiculteurs (plus de 36.000) et des ruches (environ 1 million) et de la production de miel qui est de l’ordre de 8000 tonnes, soit une valeur ajoutée de 822 millions de dirhams (MDH) et 2,45 millions de journées-travail durant la même année, donc une filière génératrice d’emplois », a soutenu Sadiki.

De son côté, le docteur Abderrahman El Abrak de l’ONSSA a mis en avant le rôle socio-économique du secteur apicole au Maroc, relevant que « plus de 36.000 apiculteurs (910.000 ruches en 2019) tirent leurs revenus totalement ou partiellement de cette activité ».

El Abrak a souligné le rôle essentiel de l’apiculture dans la pollinisation des plantes naturelles et cultivées, mettant en exergue les potentialités importantes du secteur au niveau national en raison de l’existence des ressources mellifères très diversifiés (forêts, cultures industrielles, plantes naturelles de montagnes…).

Cette conférence a été également une occasion pour M. El Abrak d’exposer les premières investigations entreprises par l’ONSSA sur le terrain, relevant que celles-ci ont mobilisé 32 équipes. « Des enquêtes ciblées ont été menées dans 21 provinces et des prélèvement et analyses de laboratoire ont également été effectuées dans le cadre de ces investigations », a-t-il fait savoir.

Et de préciser: « Les principaux résultats des investigations de laboratoire ont relevé la présence de la varroase et de la nosémose chez certains apiculteurs et dans certaines provinces (dans 15% et 8% des échantillons respectivement), l’absence de trois maladies (loque européenne, loque américaine et acariose), ainsi que l’absence de toute infection clinique due au virus du couvain saccifrome ».

El Abrak a également fait savoir qu' »une enquête élargie » est en cours de réalisation visant notamment à évaluer l’ampleur du syndrome au niveau national et à déterminer les facteurs prédisposant à l’apparition de ce syndrome.

Ont pris part à ce colloque scientifique plusieurs chercheurs et experts nationaux et internationaux d’Australie, Belgique, Etats-Unis, France, Belgique et Royaume Uni, des organisations internationales, des opérateurs et professionnels du secteur, des représentants d’associations de consommateurs, ainsi que des responsables centraux et régionaux du ministère.

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