L’aspect pratique et non magique de la réduction des risques et la santé publique ont été, mercredi, au centre d’un webinaire animé par une pléiade d’experts et scientifiques issus de divers horizons.
Co-organisée par le Washington Times et CollaborateUp avec le soutien de l’Association de médecine addictive et pathologies associées (MAPA), Aphorisme Consulting, Orion Medias, et R-Street Institute, cette conférence virtuelle a permis aux différents intervenants de discuter de plusieurs sujets ayant trait à la réduction des risques dans les domaines de la santé publique, de la restauration du climat, de l’application de la loi et de la prévention des abus.
L’ensemble des participants ont été unanimes à souligner l’importance de la sensibilisation et de la conscientisation des citoyens à la question de la réduction des risques dans le cadre d’une approche humaine basée sur la gestion.
Dans ce sens, la présidente de la MAPA, Dr Imane Kendili a indiqué que la réduction des risques est devenue une question majeure, particulièrement avec la pandémie de la Covid-19.
« La réflexion à adopter est de ne pas distinguer entre une santé des pays du Sud et une santé des pays du Nord », a soutenu Kendili, également psychiatre addictologue, affirmant qu’il s’agit d’une santé mondiale qui implique la canalisation des efforts de tous les pays, à travers la sensibilisation et la responsabilisation des citoyens.
Dans ce cadre, elle a insisté sur l’impératif de favoriser l’échange d’expériences et d’expertises entre les différents Etats, dans l’objectif de mettre sur pied de véritables politiques pérennes et adaptées à la réalité sur le terrain.
« L’humain et son mode de vie doivent être placés au centre de toute politique de réduction des risques », a insisté Kendili, co-directrice du livre « Harm Reduction. The Manifesto », estimant qu’une action commune capitalisant les expériences des différents pays va contribuer inéluctablement à une meilleure gestion des risques.
Et d’ajouter, concernant la réduction des risques, que le Maroc a été avant-gardiste il y a une quinzaine d’années avec les héroïnomanes, d’où l’importance maintenant d’intégrer la réduction des risques en matière de tabac et de sucre dans la stratégie nationale de santé, vu qu’on a un grand nombre de diabétiques et de fumeurs.
« A cet effet, en matière de tabac par exemple, il faut sensibiliser les jeunes à ne pas commencer à fumer et prendre en charge l’adulte qui n’arrive pas à arrêter en lui offrant des produits de substitution dans le but d’améliorer la santé publique comme nous avons pu le faire durant la crise COVID, en réduisant le risque grâce au port des masques », a-t-elle dit.
De son côté, Mazen Saleh, directeur des politiques intégrant la réduction des risques au R-Street Institute, a précisé que les politiques de réduction des risques doivent inclure des approches diverses visant toute sorte de risques, notamment les maladies transmissibles ou non transmissibles, l’addiction aux drogues, le tabagisme…
« Vu que l’approche de prohibition n’a pas abouti aux résultats escomptés, la démarche la plus appropriée est de sensibiliser les gens en mettant à leur disposition toutes les informations nécessaires qui leur permettront de comprendre le risque, afin de protéger leur santé », a ajouté Saleh.
Pour une gestion optimale des risques, la sensibilisation des décideurs politiques demeure primordiale pour trouver les solutions idoines aux problèmes auxquels sont confrontées les sociétés, a-t-il poursuivi.
Pour sa part, Diane Goldstein, directrice exécutive du partenariat d’action pour l’application de la loi aux USA, a abordé la question de la relation entre la réduction des risques et la sécurité des communautés, en affirmant que les lois à caractère stratégique doivent inclure des mesures mettant en relief la centralité des politiques de réduction de ces risques.
« Nous ne pouvons pas éliminer les crimes, mais nous devons au moins essayer de promouvoir la culture de réduction des risques en instaurant un état d’esprit positif où chacun doit être conscient du lien étroit qui existe entre santé et sécurité », a souligné Goldstein.
Quant à Kye Young, vice-président des partenariats et du développement à la fondation pour la restauration climatique (USA), il a mis l’accent sur l’importance d’agir pour consolider les efforts menés dans le cadre de toute politique de réduction des risques, notamment dans le domaine écologique.
Dans ce contexte, Young a plaidé en faveur d’actions concrètes afin que tout un chacun (gouvernement, entreprises, société…) apporte sa contribution à la restauration du climat et à la protection de la planète.
Cette rencontre interactive a été aussi l’occasion de donner un large aperçu sur le livre « Harm Reduction -The Manifesto », dirigé par Abdelhak Najib et Dr Imane Kendili.
Cet ouvrage collectif résume le travail de 26 experts de 9 pays, couvrant divers domaines d’expertise, allant de la santé publique à l’anthropologie sociale, en passant par différentes disciplines médicales, la philosophie, la sociologie ainsi que l’analyse macroéconomique.